Étiquette : tourisme de masse (Page 1 of 3)

Hubert Védrine : le mode de vie festif et le tourisme de masse en question

Le Figaro du 22 mars a publié une interview d’Hubert Védrine : «Le choc du coronavirus est en train de pulvériser des croyances très enracinées».
A l’aune de la pandémie qui frappe la planète il développe des arguments qui devraient tous nous faire réfléchir. Quand nous écrivons “tous” nous ne voulons pas dire seulement les membres du Réseau Vivre Paris!. Il y a longtemps que nous soulignons les ravages de la fête non régulée et l’hyper tourisme.
Nous souhaitons interpeller nos élus, Anne Hidalgo, maire de Paris, et Frédéric Hocquard, son adjoint chargé de la nuit… de la nuit des fêtards, des lobbies de la nuit, mais pas de la nuit de tous les Parisiens. Nous interpellons aussi l’ensemble des candidats aux élections municipales parisiennes.

Deux extraits de cette interview devraient leur permettent d’enlever leurs œillères à l’aube de cette prochaine mandature et de considérer le bien-être, la santé de leurs électeurs, bref l’intérêt commun plutôt que des intérêts catégoriels.
 
… n’est-ce pas tout un mode de vie insouciant, hédoniste, individualiste et festif, qui semble devenu le premier des droits de l’homme (bien avant, pour certains, la liberté de la presse) et qui est mis en cause? Ce mode de vie se traduit, pour tout ou partie de l’humanité, par une mobilité permanente sans limite ni entraves, type mouvement brownien. Ajouté aux voyages économiques incessants et au tourisme de masse (1,4 milliard de touristes en 2019), cela donne 4 milliards de passagers aériens en 2017, 8 milliards «espérés» en 2035 (avant la pandémie)! 
Oui à la fête… mais pas n’importe quelle fête. Une fête régulée, respectueuse de tous, qui se soucie des autres, de ceux qui veulent se reposer la nuit et vivre dans une ville apaisée. Le tout festif a vécu. Changeons de modèle pour une ville / vie durable.

on prendra peut-être conscience des ravages du tourisme de masse (à ne pas confondre avec le voyage): Dubrovnik, Santorin, Angkor sont des victimes précoces, bientôt Venise. Et faut-il vraiment atteindre 100 millions de touristes en France?
La mairie de Paris s’est engagée depuis des années dans une course effrénée (et imaginaire?) avec les autres métropoles à celle qui attirera le plus de touristes, favorisant au passage la transformation de milliers d’appartements en locations saisonnières. Seul le nombre de touristes compte aux yeux de la mairie. En ce qui concerne le tourisme et comme pour la fête, changeons de modèle pour une ville / vie durable.

A lire cet article publié par Marais-Louvre : Repenser le tourisme de fond en comble

3ème rapport annuel du médiateur de la ville d’Amsterdam

AMSTERDAM, nouveau rapport du médiateur publié le 13 Janvier 2019 : un appel à la décroissance comme solution à la marchandisation de la ville asservie à un tourisme de masse destructeur.

Depuis 2016, le médiateur de la Ville d’Amsterdam paye de sa personne en allant sur le terrain constater pendant la nuit l’état des rues d’Amsterdam. L’an dernier, M. Zuurmond était allé passer une semaine chez des habitants du centre-ville, dans l’un des trois quartiers festifs de la nuit amstellodamoise et en était revenu en faisant le constat que, « la nuit, le centre-ville d’Amsterdam est une jungle urbaine » et que « si Amsterdam était un parc d’attractions, on aurait été obligé de le fermer depuis un bon moment déjà ! » comme le rapportait le site Het Parool le 3 mars 2018 dans un article intitulé : « Ombudsman: De binnenstad is ‘s nachts een jungle » (« la nuit le centre-ville est une jungle urbaine selon le médiateur« ).

L’information avait été publiée le 14 mars 2018 sur le site du Réseau « Vivre la Ville ! » dans un article intitulé : « la nuit le centre-ville est une jungle urbaine selon le médiateur« .

L’année précédente il avait déjà mené une expérience comparable et tiré la sonnette d’alarme en disant entre autres qu’il avait eu l’impression que « le stade olympique se déversait dans les rues du quartier« . Le maire d’Amsterdam avait alors décidé de déployer 140 gardiens de la paix supplémentaires.

Cette année le médiateur est carrément allé vivre pendant trois mois dans le Quartier rouge et voici sa conclusion : malgré l’ajout de 140 gardiens de la paix supplémentaires depuis deux ans, Amsterdam est toujours une jungle urbaine. (publication dans le journal Het Parool du 14 janvier 2019 : Ombudsman: ‘Stad is slachtoffer van economische overbegrazing’)

Le respect de la loi n’est pas assuré car souvent les policiers n’osent pas intervenir à moins qu’ils n’en aient carrément pas envie. De toute façon, le nombre de policiers n’est pas suffisant. Les habitants et les touristes font tout ce qu’ils veulent, impunément. Les rues ressemblent une poubelle. Les conducteurs de taxis Uber ont des comportements dangereux. Certains ont même causé des accident mortels. Gagnant peu, travaillant trop longtemps à un rythme infernal, ils sont carrément en état de surmenage et deviennent dangereux pour le trafic routier.

La ville fait l’objet d’une véritable surexploitation économique. Le nombre d’hôtels continue de croître. Les vols arrivant à l’aéroport d’Amsterdam augmentent d’année en année, déversant sur la ville des flots de touristes alors que le nombre de ces vols devraient diminuer, affirme le médiateur. On prévoit l’arrivée de 30 millions de touristes en 2023/2024 !

Pour éviter cela il faut prendre des mesures sans tarder. Voici les suggestions faites par les différents partenaires associatifs et par le médiateur :

  • Il faut diminuer le nombre de vols (proposition du médiateur).
  • Il faut arrêter de construire de nouveaux hôtels (proposition d’Amsterdam in Progress).
  • Il faut mettre fin au marketing fait par la ville pour attirer les touristes (proposition de la fédération Wij Amsterdam) et publier une bulletin d’information pour les touristes en indiquant clairement la nouvelle donne : « La ville où tout était possible a changé : tout n’est plus possible à Amsterdam » et en détaillant les nouvelles mesures.
  • Les rideaux devront rester fermés au Quartier rouge (proposition de VVAB).
  • La vente de hachish doit être interdite aux touristes et uniquement permise aux habitants, lesquels devront présenter leur passeport pour en acheter car Amsterdam est devenue une narco-ville et les Pays-Bas un narco-état, ce qui entraîne du blanchiment d’argent sale et de la corruption. (proposition du collectif Voetboog en Handboogstraat).
  • Il faut interdire les Airbnb et permettre uniquement les Bed & Breakfast avec un habitant qui habite sur place et loue une chambre de son logement (propositions partagée par la majorité des associations). Il faut savoir qu’Airbnb occupe 20 000 maisons, Booking.com fait la même chose et le nombre d’appartements disponibles pour les habitants se réduit comme une peau de chagrin : les habitants doivent s’inscrire sur une liste d’attente et patienter pendant 10 ans pour espérer voir leur demande exaucée.
  • Il faut interdire le « pubcrawl », circuit de consommation d’alcool organisé d’un bar à l’autre avec un prix forfaitaire établi au départ qui donne droit à 3, 4, 5 ou 6 consommations au choix : bière ou alcool fort, avec une préférence pour le genièvre néerlandais qui titre 35 degrés d’alcool (proposition de partagée par la majorité des associations depuis des années).
  • Il faut interdire la consommation d’alcool dans la rue dans tout le centre ville. Cette interdiction n’est affichée actuellement que sur les ponts du Quartier rouge.

Enfin, le 14 février 2019, la fédération Wij Amsterdam a envoyé une lettre à l’Unesco lui demandant de venir au secours de la ville et de ses habitants vu la gravité de la situation actuelle.

Tourisme de masse : le revers de la médaille

Sur le site de l’association Marais-Louvre, deux articles qui traitent du tourisme de masse et de ses conséquences.
Le premier se penche sur les locations saisonnières (La folie des locations saisonnières gangrène le quotidien des habitants). Dans ce passage tout est dit sur les conséquences pour les quartiers concernés :
Les habitants des centres villes, en particulier à Paris mais aussi ceux dans d’autres villes d’Europe font état d’un mal grandissant devenant de plus en plus insupportable. Certains commencent à quitter leurs quartiers, quasiment chassés qu’ils sont par les touristes et autres fêtards qui ont envahi leurs immeubles, ont transformé leur quotidien et sont source d’une évolution non souhaitée de leur quartier. Les commerces de bouche et traditionnels ont cédé la place aux enseignes de mode et aux bars avec des terrasses bruyantes, les valises à roulettes au bruit insupportable encombrent l’espace.
Le second (Faut-il se réjouir des records de fréquentation atteints en matière de tourisme ?) met en avant les conséquences de la trop grande fréquentation touristique de Paris :
Personne, qu’il s’agisse de journalistes, de professionnels et d’élus en charge des questions du tourisme, personne ne mentionne, au regard de ces résultats, l’envers du décor que sont les dommages subis par les habitants dans leur vie quotidienne, le fléau des locations touristiques et les nombreux désordres dont nous faisons régulièrement état. Il n’est pas fait mention, sinon très peu, de la saturation qui frappe le centre de Paris.

Strasbourg n’a pas encore compris qu’une ville doit être habitable !

Le 20 octobre 2018 et au moment où le petit centre ville historique s’apprête à subir le déferlement de 2 millions de touristes en 4 semaines pour l’opération commerciale Capitale de Noël, est paru dans la rubrique « La ville en débat » des Dernières Nouvelles d’Alsace un article intitulé « Les barques de la Petite France ».
Ce texte émane d’un collectif de « Strasbourgeois Citadins et Citoyens ».
Il dénonce, à partir de l’exemple des barques appontées depuis cet été à la Petite France, le tourisme de masse qui menace Strasbourg et la gestion calamiteuse des projets d’animation de nos élus.
Il défend très justement la préservation d’une « dynamique de vie quotidienne » des habitants « qui est l’essence-même de la vitalité urbaine ».
Développement touristique effréné, suranimation cet été avec des spectacles nocturnes démultipliés en prise directe sur les habitations dans trois secteurs du centre ville au lieu d’un habituellement.
Dans tous les cas, nous retrouvons la course à l’attractivité à tout prix et la volonté de transformer le centre-ville en grande machine à cash de jour comme de nuit.
C’est cette même politique qui a présidé au développement forcené d’une « vie nocturne » sans garde-fou, qui a permis la multiplication des ouvertures tardives et qui continue d’encourager la multiplication du nombre de bars au centre ville.

A Strasbourg on a touché le fond et on continue de creuser !

Amsterdam : « la nuit, le centre-ville est une jungle urbaine selon le médiateur »

Le site Het Parool a publié le 3 mars 2018 un article intitulé : « Ombudsman: De binnenstad is ‘s nachts een jungle » (« la nuit le centre-ville est une jungle urbaine selon le médiateur« )
Le médiateur de la ville, M. Zuurmond est allé passer une nuit chez des habitants du centre-ville, dans l’un des trois quartiers festifs de la nuit amsteldamoise.
Il avait déjà mené cette expérience l’année dernière et le lendemain il avait tiré la sonnette d’alarme en disant entre autre qu’il avait eu l’impression que « le stade olympique se déversait dans les rues du quartier« . Le maire d’Amsterdam a alors décidé de déployer 140 gardiens de la paix supplémentaires.
Cette fois-ci le médiateur a compté tous les contraventions dont il a été le témoin de fenêtre : 942 ! Notamment : épanchements d’urine, défécations, rapports sexuels dans la rue, prises de sens interdit, etc… Il a compté 810 taxis empruntant la ruelle (taxis « normaux » et Uber en trop grand nombre dans le ville). Il a entendu 155 coups de klaxon et a relevé un niveau de 65dB dans la chambre où il se trouvait. La police est passée mais n’a rien fait. « Le chaos, une jungle urbaine » selon le médiateur. Il a ajouté :  » Si Amsterdam était un parc d’attractions, on aurait été obligé de le fermer depuis un bon moment déjà ! »

La vidéo est éloquente et ne nécessite aucune connaissance du néerlandais. Les scènes filmées et les graphiques parlent d’eux-mêmes.

« Older posts